Quelques enseignements de retour du WEF

 

Cette année à Davos, j’ai senti que les solutions aux préoccupations les plus fondamentales du moment viendront des jeunes. A nous, hommes et femmes élus dans les exécutifs, de prouver que le consensus pour avancer est possible.

Passer la semaine au WEF de Davos, c’est vivre une expérience intensive, faite de rendez-vous planifiés, par exemple avec le dirigeant d’une importante société chinoise de négoce, dont le siège européen est basé à Genève, et de rencontres impromptues, comme celle de la nouvelle première ministre finlandaise, Mme Sanna Marin, avec laquelle j’ai eu un échange intéressant sur l’égalité. Revenir de ce sommet économique dans les Grisons, c’est avoir la tête pleine d’idées et de contacts prometteurs.

Prendre le pouls de la société 

Au-delà du rappel que le WEF est à Genève 361 jours par année - donc hors les 4 jours de Davos - et de témoignage du lien du canton à cette organisation internationale, ma présence en tant que ministre genevois de l’Economie avait pour double but de rencontrer le maximum d’acteurs économiques, certains déjà installés à Genève, pour les écouter, vendre nos atouts et les convaincre de participer à l’économie de notre canton en développant leurs activités à Genève, mais aussi de prendre le pouls des grandes tendances de société à travers ses porte-paroles du moment.

Cette année, le premier objectif a été largement atteint grâce à une bonne vingtaine d’entretiens que j’ai pu mener - dont certains non planifiés - avec des sociétés souvent convaincues des avantages d’une localisation genevoise, et qui m’ont fait part de leurs questions sur les régulations dans le domaine fiscal ou du marché du travail. J’ai pu rassurer plusieurs industriels qui font vivre le tissu des PME genevoises, sur la qualité de la main-d’œuvre genevoise et rappeler les avantages de notre écosystème en termes d’infrastructures et de sécurité du droit. 

Promouvoir Genève 

La promotion de la place genevoise se fait également de plus en plus à travers la force du lien que le canton entretient avec son réseau académique. J’ai ainsi participé à plusieurs tables rondes organisées par l’Université de Genève et son recteur, Yves Flückiger. L’occasion était trop belle de profiter de la présence du Prix Nobel genevois Didier Queloz pour souligner la qualité de la recherche scientifique et l’ampleur du réseau des hautes écoles genevoises, dans un contexte suisse où les universités travaillent ensemble.

De la Suisse, du reste, il a été souvent question. A travers Genève bien sûr, mise à l’honneur mardi passé lors d’une journée qui lui était dédiée spécialement pour mettre en avant sa vocation internationale et son apport au règlement pacifique des grands enjeux du moment, tel que celui des règles à instaurer dans l’espace numérique, avec la « Swiss Digital Initiative », sorte de manifeste sur le respect de données personnelles dans la cadre de l’activité des grandes entreprises mondiales.

Ouvrir son regard sur le continent africain 

Ces enjeux qui sont à l’agenda du WEF tournaient cette année autour de deux sujets majeurs : la digitalisation et la durabilité de la société. L’un comme l’autre ont leurs militants et leurs détracteurs – Donald Trump et Greta Thunberg en tête, qui ne se sont malheureusement pas croisés - garantissant de vifs débats, souvent de très haut niveau. Par exemple lors d’un échange mémorable où un jeune Kényan a apostrophé des dirigeants africains sur la durabilité du pouvoir qui les préoccupe plus que celle de l’environnement. 

Ce cas est un bon exemple de ce que peut apporter Davos: une discussion sans langue de bois sur la situation d’un continent extraordinaire, l’Afrique, dont 60% de la population a moins de 25 ans et pour laquelle l’enjeu du travail assurant un revenu décent est capital, sous peine que l’Europe continue à vivre les drames humains de la migration, avec des enfants et de jeunes adultes qui se noient au large de ses cotes méditerranéennes. Là-bas, comme ici, la question centrale est: comment soutenir, développer et mettre à la portée de tous une économie des connaissances dans un monde digitalisé?

Miser sur la génération montante

Cette question devrait intéresser la Suisse et Genève, qui connaîtront dans la décennie à venir une pénurie progressive de main d’œuvre et une réduction de leurs activités économiques traditionnelles. D’où la nécessité d’explorer maintenant les champs nouveaux de l’intelligence artificielle, d’accompagner les Genevois et Genevoises vers l’employabilité en favorisant la formation continue, et de soutenir les industries créatives dans le numérique. C’est ce à quoi je m’emploie à Genève, avec les professionnel-le-s du département du développement économique (DDE), pour aider nos entreprises et nos emplois à muter.

A Davos cette année, et même si les jeunes militant-e-s écologistes venus avec Greta Thunberg ont fait part de leur déception face à l’absence de conscience de certain-e-s dirigeant-e-s, j’ai senti que les solutions viendront des jeunes. D’abord parce qu’ils sont en train de reformuler les problèmes de façon beaucoup plus pointue et plus courageuse que leurs aînés. Ensuite parce qu’ils sont résolus à mesurer concrètement les avancées en matière d’environnement, de diversité et d’égalité. Enfin parce qu’ils ont mieux compris que la génération précédente le besoin de passer à l’action. A nous, hommes et femmes élus dans les exécutifs, de leur prouver que le consensus pour avancer est possible.

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