Budget cantonal 2020:
le programme de législature en panne sèche

Le projet de budget du Conseil d'Etat, présenté jeudi, n'est pas satisfaisant. Non seulement il ne contient aucune mesure pour juguler les charges qui ne cessent d'augmenter chaque année, mais - pire- il pèche sur les orientations politiques. En effet, à l'heure où l'on devrait décloisonner les politiques publiques et agir en transversalité afin de rester compétitif sur l'échiquier régional, chaque conseiller d'Etat se comporte comme s'il était porteur d'une politique publique isolée et n'a pour antienne que l'accroissement des postes.
 
En procédant ainsi, nous nous privons de notre capacité à innover sur les grands chantiers, pourtant définis dans le programme de législature. Ainsi, en est-il de la formation, pour ne prendre qu'un des exemples les plus saillants. Alors que le département de l'instruction publique demande 194 postes supplémentaires, dont la moitié en personnels administratifs, il est fait mention dans le rapport des comptes 2018 que le taux d’élèves atteignant le seuil minimal de maîtrise des attentes fondamentales en fin de 11ème du Cycle d'Orientation (section communication et technologie) a été de 1,1 % (!) en 2018, pour une cible initialement fixée à 23%.
 
Une source d'inégalités persitantes
 
C'est effarant quand le domaine de la communication et des technologies apparaît aujourd’hui comme le plus incontournable en regard du développement économique et sociétal que nous connaissons. Alors qu'il faudrait développer une stratégie interdépartementale avec les entreprises pour former une main-d'œuvre qualifiée aux emplois de demain; alors qu'il faudrait créer des ponts entre la formation, le social et l'économie pour réinsérer les bénéficiaires de l'aide sociale, on instaure des inégalités pendant la formation qui seront difficilement rattrapables.
 
Difficilement rattrapables, tout comme le seront ces augmentations de charges qui ne se basent sur aucune analyse quant à la pertinence et l’efficacité des prestations. De deux choses l'une: soit l'école tente de gommer les inégalités et délivre une formation en adéquation avec le monde du travail; soit elle reste hermétique et échoue dans sa vocation. Soit le Conseil d'Etat assume des réformes structurelles pour résorber le déficit;  soit il procrastine et échoue dans sa mission à construire un projet politique viable.
 
C'est parce que j'estime que la population n'a pas à payer cet absence de choix, que ce soit par l'augmentation des impôts ou par une diminution des prestations, que j'ai renoncé à soutenir ce projet de Budget 2020.
 
 
Pierre Maudet
Facebook
Twitter
Youtube