Réaliser son potentiel est un métier d'avenir

 

La précarité du travail liée à l’âge se fait sentir de plus en plus tôt. Pour trouver et conserver un emploi ou simplement progresser dans sa fonction, il faut désormais s'adapter au changement tout au long de la vie professionnelle.

Interpellé en début d’année par plusieurs lecteurs et lectrices de cette newsletter, à propos de l’accès des seniors au marché du travail, j’ai profité de l’actualité pour avancer sur cette question fondamentale. J’ai notamment sondé plusieurs chef-fe-s d’entreprise, qui innovent souvent depuis bien des années en matière de ressources humaines.

L’actualité évoquée plus haut, c’est la décision du Conseil fédéral, annoncée ce mercredi 29 janvier, de mettre en œuvre plusieurs mécanismes pour favoriser la main d’œuvre indigène et limiter l’immigration, en particulier avec une nouvelle mesure sociale visant à « renforcer la compétitivité des travailleurs d'un certain âge ». Mais que l’on ne s’y trompe pas ; il est en réalité question de tout un dispositif pour convaincre la population de rejeter l’initiative de résiliation de la libre circulation, soumise en votation le 17 mai prochain.

Une fausse bonne idée

Parmi les différentes mesures proposées, celle qui est mise en avant est la création d'une rente-pont en faveur des demandeurs-euses d’emploi en fin de droits et âgés de plus de 60 ans. L’enjeu est simple et louable : permettre un passage à la retraite, digne pour les salariés de notre pays qui se voient de plus en plus éjectés de leur emploi dès 55 ans.

Le problème, avec cet argument prétexte, c’est qu’on pousse des entreprises, qui auraient encore des scrupules, à licencier des seniors, dès lors que l’Etat garantit à ceux-ci un filet de sécurité supplémentaire. Mais ce qui s’avère délétère, c’est qu’on ne s’attaque au problème qu’en fin de parcours, à 60 ans, alors que la précarité du travail liée à l’âge se fait généralement déjà sentir dix ans plus tôt. Enfin, inutile de souligner à quel point le probable relèvement de l’âge de la retraite ne fera qu’amplifier ce phénomène négatif, surtout quand l’égalité salariale pour les femmes n’est pas encore mise en place dans les faits.

Agir le plus tôt possible

Les patronnes et les patrons de PME avec lesquels j’ai discuté cette semaine, ainsi que la délégation du Luxembourg que j’ai rencontré mardi passé à ce propos m’ont convaincu d’une autre approche : développer, bien en amont, l’employabilité des personnes, quelles que soient leurs années d’expérience professionnelle. Autrement dit, travailler – en cours d’emploi - sur la formation continue et la réorientation professionnelle.

Le défi est gigantesque, car il touche en réalité tous les plus de 40 ans en Europe. Dans un contexte où les forces vives de notre économie vont manquer en raison du déclin démographique, il s’agira en effet de valoriser l’expérience et de diversifier les compétences, dans une perspective où les seniors devraient aussi avoir toute leur place sur le marché du travail.

Le profil « couteau suisse »

Si je prends l’exemple de mes parents, ceux-ci ont exercé toute leur vie un seul métier auprès du même employeur. Ma génération a grandi avec l’idée que  ses représentants exerceraient la même profession, mais          auprès de plusieurs employeurs différents. Or, la génération suivant a déjà compris qu’elle vivra encore un tout autre modèle : « plusieurs activités professionnelles, parfois simultanées, auprès de plusieurs employeurs, voire en tant qu’indépendant (auto-employeur) ».

Un défi ambitieux, qui engage les pouvoirs publics  à mettre en place des solutions, quitte à réformer les structures établies et à oser des partenariats avec le secteur privé. L’Etat doit être capable d’arbitrer financièrement les moyens conséquents à allouer pour soutenir cette politique d’employabilité. Car au-delà de la volonté de l’UDC de rompre avec nos partenaires européens, ce qui est en jeu, c’est la question de l’emploi et de la viabilité de notre système de retraites. Si nous voulons garder une Suisse prospère, il ne faudra pas nous tromper de combat.

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