Pas de papier... mais une dignité !

 

Les avancées sociales pour la population ne se décrètent pas à coup «d’assises» et autres «rapports prospectifs»; elles se sentent au contact des gens, quand on est immergé dans les réalités quotidiennes des habitant.e.s et des entreprises. Elles sont le fruit d’une approche pragmatique, qui peut être améliorée après coup par d’éventuels changements législatifs. Mais elles sont toujours issues de démarches politiques qui bousculent et font bouger les lignes.

Ma semaine était principalement consacrée à des visites de PME actives dans le domaine social. Les entreprises qui se créent aujourd’hui dans notre tissu économique développent, de plus en plus, leur conscience des enjeux sociaux,  en accompagnant notamment sur le marche du travail des personnes qui n’en voyaient absolument pas la perspective jusque-là. Ceci, en raison de difficultés psychosociales ou parce qu’elles ne disposent pas des papiers et des certificats de base pour trouver un emploi.

Cesser lhypocrisie économique et sociale

Il en va ainsi d’une jeune pousse genevoise, la société HOR’US. Cette dernière est active dans le domaine horloger. Elle est hébergée sur le site de la Fondation PRO et emploie de nombreuses personnes en situation de handicap, pour proposer des services de manufacture à haute valeur ajoutée. Cette société mise sur une vision inclusive du travail, payé à sa juste valeur. Elle croit fermement aux valeurs de solidarité développées localement, avec des profits à la clé et l’émergence de nouveaux talents. 

C’est avec la même volonté d’inclusion que je lançais,  il y a tout juste trois ans, l’opération «Papyrus». J’ai en effet toujours eu l’intime conviction que l’absence de papier - cette fois-ci au niveau du séjour légal, pas de la formation - constituait un enjeu économique et social majeur. Alors que personne n’osait prendre le taureau par les cornes, parce qu’on réduisait le problème à une affaire d’absence de passeport,  ma démarche prouve qu’on entretenait en réalité une hypocrsie économique et sociale.

Pour anoblir lengagement politique

Aujourd’hui Papyrus, conçue d’emblée comme une opération conjointe de régularisation de séjour, mais aussi et surtout de travail avec toute sa dimension d’inclusion économique, tire un bilan extrêmement positif. Les deux craintes exprimées - que j’avais aussi au départ -, à savoir l’inscription massive à l’aise sociale et l’appel d’air de nouveaux clandestins dès la régularisation, ne se sont pas du tout vérifiées. Mieux, l’Etat a récupéré des millions de francs en charges sociales et en impôts, luttant ainsi efficacement contre le travail à noir.

La clé de ce succès a surtout tenu dans le partenariat de confiance développé entre les associations et les syndicats actifs pour cette cause, l’administration cantonale et fédérale, ainsi que le monde politique; tous patiemment orientés sur la voie d’une solution iconoclaste mais efficace pour lutter contre la situation précaire de milliers de personnes. Ces dernières, en grande majorité des femmes, qu’ils nous arrivent de côtoyer sans savoir qu’elles vivent dans la peur d’être dénoncées et sont indument exploitées.

A Genève, les défis ne manquent pas et il faudra toujours savoir les relever avec détermination et conviction. Quand la dignité des gens est en jeu, par la reconnaissance de leur travail ou tout simplement de leur humanité, s’affranchir des papiers c’est rendre a l’action politique toute sa noblesse.

Facebook
Twitter
Linkedin
Instagram
Youtube