Vivement la prochaine "Building Bridges Week", en 2020!

Cette semaine, plus que de construire des ponts, Genève a fabriqué un tremplin d'envergure mondiale pour la finance durable.

Genève n'avait jamais vu cela auparavant. Un Hackathon sur la finance durable, pour clore la "Building Bridges Week ", après 5 jours d'échanges nourris et de vivifiantes collaborations au service des Objectifs de développement durable des Nations unies. Un grand merci à celles et à ceux qui ont cru à cet événement exceptionnel, organisé par Sustainable Finance Geneva (SFG), Swiss Sustainable Finance (SSF) et la Fondation Genève Place Financière (FGPF), grâce notamment au soutien de 17 établissements bancaires, personnellement engagés dans l'atteinte des ambitions de l'Agenda 2030.

La "Building Bridges Week" est en effet une très belle réussite pour ses 9 partenaires stratégiques, ses 17 sponsors, ses quelque 40 orateurs-trices de haut vol et ses pas moins de 700 participant-e-s au Sommet inédit de jeudi passé. C'est aussi un succès pour les 30 organisateurs-trices d’événements qui y ont pris part activement, sans oublier le public venu nombreux.

Ces 5 derniers jours, Genève a fait plus que construire des ponts entre ses deux rives. Il a fabriqué un tremplin pour la finance innovante et vertueuse. J'ai hâte d'empoigner ensemble les résultats obtenus à l'issue de ce rendez-vous sans précédent qui, il est utile de le rappeler, est le fruit d’une alliance inédite entre les milieux financiers et les représentant-e-s de la Genève internationale, des autorités fédérales, cantonales et municipales.

Dans cette attente, je me permets de partager avec vous le discours, ci-dessous, que j'ai prononcé jeudi dernier, en fin de matinée, au Bâtiment des Forces Motrices.

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Excellence, Mesdames et Messieurs, Monsieur le Maître de cérémonie,

Merci de me donner l'opportunité de vous adresser, dans  un bref "mot de la fin" de cette première partie extrêmement riche et intéressante de cet événement majeur.

J'aimerais tout d'abord au nom des autorités de la République et canton de Genève, vous dire la fierté qu'est la nôtre de vous accueillir dans cette Cité qui est extrêmement liée à la genèse de la finance et, nous l'avions conçu ainsi de nombreux mois en arrière, de se dire que l'espace d'un jour ou même d'une semaine Genève serait l'épicentre de la finance mondiale.

Vous l'aurez sans doute remarqué, l'actualité a du talent. Elle s'est invitée, alors qu'elle avait peu de raison cette semaine de braquer ses projecteurs sur Genève ailleurs que dans la finance, à l'étage des prix Nobel. C'est notre capacité à Genève de construire des ponts, mais également d'aller rechercher des univers lointains qui nous offrent la possibilité de regarder notre propre planète avec un certain succès. J'y reviendrai dans un instant.

A l'issue des échanges de ce matin, que j'ai écoutés attentivement, nous pouvons constater la chose suivante: malgré le contexte particulier - l'échelle des problèmes est devenu global, le ton s'est durci, le rythme aussi s'est accéléré – nous avons une grammaire commune, un vocabulaire commun, et peut-être même un agenda commun. En d'autres termes, toute une série d'éléments convergent; j'en ai l'intime conviction. C'est en tous les cas un premier point extrêmement positif, qui nous permet d'affirmer le succès de cette manifestation.

J'aimerais également vous dire, très clairement et c'est là le sentiment des autorités publiques du canton de Genève, que la finance sera durable…ou ne sera plus. Le modèle est en train de muter. Et nous allons vous y aider, avec trois vocations pour Genève. La première, c'est d'être un révélateur. La deuxième, c'est d'être un régulateur. La troisième, c'est d'être un accélérateur.

Genève est un révélateur parce que, vous l'avez entendu ce matin, grâce aux organisations internationales et dans un contexte où les échanges sont très nombreux - le nombre de rencontres majeures qui se tiennent annuellement dans notre cité est significatif -, nous prenons sans doute conscience un peu plus rapidement que d'autres des enjeux environnementaux et de la responsabilité sociale, soit des éléments qui aujourd'hui structurent le débat politique et économique.

Les comportements vertueux envers la planète et envers les populations font partie intégrante de nos économies. C'est un fait qui est posé, ici, dans notre Cité. J'illustrerais cela par un exemple: cette semaine se tient également à Genève la traditionnelle "trading week", qui rassemble toute une série d'acteurs dans le domaine du négoce, un secteur extrêmement important pour notre économie, dont fait partie le financement du négoce de matières premières. Eh bien, dans ce que l'on appelle le "trade finance", il y a aujourd'hui toute une série projet extrêmement innovants, pour assurer notamment ce que l'on évoquait tout à l'heure dans une session: la traçabilité des produits et, à partir de là, la capacité de rendre durable des investissements dans un domaine si particulier qu'est le "trade finance".

Genève révélateur, mais également régulateur. Dans le bon sens du terme, car nous croyons fermement, comme le disait il y a un instant M. Patrick Odier, en notre aptitude à convaincre, avant de contraindre. Votre présence ici en est le témoignage, une belle preuve de notre capacité à décider ensemble des normes de conformité à venir. Ceci, grâce notamment au réseau mondial FC4S, que nous avons attiré à Genève et dont nous sommes heureux et fiers d'avoir la présence, puisque cette entité regroupe 30 places financières et représente près de 90% des flux de capitaux à l'échelle planétaire.

A travers elle, nous avons l'opportunité de clarifier toute une série de notions, comme l'investissement durable, mais aussi les standards, notamment en matière de mesure impact. La capacité aussi avec les organismes privés et publics, présents à Genève, de mettre sur pied cette régulation et de rompre avec le réflexe de concurrence. J'en appelle en effet à passer de la compétition, à la "coopétition", soit la capacité en amont de créer tous ensemble les références de demain.

Mesdames et Messieurs, Genève est révélateur, régulateur et….accélérateur. Je me permets dès lors de rebondir ici sur l'actualité de la semaine prochaine: la réunion du premier Conseil d'administration de Libra. Ce projet phare de Facebook est totalement innovant. C'est aussi peut-être un risque de réputation et financier. Mais c'est surtout un risque que d'autres prendront à notre place si nous ne créons pas les conditions pour que le débat puisse se faire.

Genève est un accélérateur dans le domaine du numérique. C'est également le cas – et on a assez peu insisté sur cet aspect fondamental ce matin – en matière de formation. Je tiens à souligner ici la toute récente remise du prix mondial de l'innovation dans ce domaine à la HEG Genève, pour son CAS en finance durable, qui nous permet de faire la démonstration que, là aussi, nous sommes prêts.

Mesdames et Messieurs, ce que je nous souhaite au terme de cette matinée, c'est que les convergences se concrétisent, que l'esprit de laboratoire qui fait Genève se matérialise aussi et, je rebondis sur ce qu'a dit à l'instant M. Yves Mirabaud en matière de fiscalité, que l'on parvienne à abandonner un certain nombre de vieux paradigmes qui nous retiennent et nous freinent. C'est en effet ici aussi que l'on peut concevoir une fiscalité de demain, pour soutenir la finance durable qui amorce un nouvel essor aujourd'hui.

Aussi, il me tient à cœur de passer du PPP (Public-Private Partnership), au PPP2 … une fois que l'on a ajouté People, Peace et Planet. Voilà Mesdames et Messieurs ce que je vous souhaite, un PPP2, ici, dans ce contexte de "Davos de la finance durable", visant à renforcer le financement de l'Agenda 2030 des Nations unies. C'est en effet notre vocation à Genève de passer à l'action. Il serait indigne de ne pas s'en souvenir. En attendant, je vous invite à passer de l'appétit, au repas.

Merci pour votre attention.

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