Délocalisation n’est pas raison

La décision d'ABB Sécheron SA de rapatrier à Genève son outil de production et d'y investir sur le long terme est réjouissante, particulièrement pour les travailleurs-euses de notre canton. La promotion de l’industrie locale est un combat fondamental pour la diversité du tissu économique, et pour sa capacité à se montrer résilient en période difficile.

Il est certains combats qui finissent par payer, deux ans et demi après avoir débuté. Ainsi en est-il de la perspective de délocalisation du fleuron genevois ABB Sécheron SA, qui avait défrayé la chronique et mobilisé le monde politique genevois à l’automne 2017. Jeudi 5 mars, soit 30 mois plus tard, le groupe a annoncé qu’il renonçait à son projet, pourtant déjà bien avancé, de délocaliser sa production de matériel ferroviaire de pointe en Europe de l’Est, avec plus d’une centaine d’emplois supprimés à la clé.

Cet heureux dénouement pour l’économie genevoise n’est pas seulement une bonne nouvelle et un soulagement pour les nombreux et nombreuses employé-e-s concerné-e-s. C’est aussi le fruit d’un travail acharné, typiquement suisse car tripartite (médiation de l’Etat, par l’intermédiaire de votre serviteur, entre la direction de l’entreprise et les syndicats), pragmatique et centré sur un projet industriel alternatif à forte valeur ajoutée, qui a finalement su convaincre de sa pertinence économique dans un environnement très concurrentiel.

Geneve en pôle d’innovation industrielle

C’est enfin et surtout la reconnaissance de l’importance du site de Meyrin en tant que pôle d’expertise mondiale des réseaux électriques dans le domaine ferroviaire et d’excellence en matière de mobilité durable. En choisissant de poursuivre et de confirmer son avenir à Genève, avec l’appui de son nouveau propriétaire (le groupe japonais Hitachi), ABB Sécheron SA donne une nouvelle impulsion au programme de relance industrielle que je promeus avec les acteurs de la branche depuis 2015.

Le développement du bus électrique TOSA - dans l’usine genevoise d’ABB Sécheron SA - et son large déploiement sur le territoire genevois dès 2018 font partie de cette stratégie visant à faire de Genève un pôle d’innovation dans la mobilité durable, avec des synergies intelligentes entre des acteurs industriels prêts à agir en partenariat plutôt qu’en pure compétition. La décision communiquée cette semaine de rapatrier, ici, l’outil de production et d’investir de façon significative pour y concentrer la valeur ajoutée sur le plan technologique est réjouissante, particulièrement pour les salarié-e-s de notre canton.

Élargir les perspectives et les champs d’action

Au-delà de la production dans le domaine ferroviaire, ce sont de nouveaux champs qu’il faut maintenant explorer et investir en matière de mobilité du futur. Celui du transport électrique naval en est un. Celui de l’aérien aussi. Je m’investis du reste depuis deux ans pour que l’on accélère le transfert technologique dans le secteur des drones, un secteur dans lequel les startups prometteuses sont nombreuses sur l’arc lémanique, et où les industriels confirmés dans l’aéronautique sont à la pointe en matière d’innovation.

La promotion et la transformation technologique de l’industrie locale est un combat de longue haleine. Ce combat n’est jamais définitivement gagné, mais il demeure crucial pour la diversité du tissu économique, et pour sa capacité à se montrer résilient en période difficile. Une belle manche gagnée ne signifie pas encore que l’on est au bout du match. Il faut donc poursuivre les efforts appuyés en faveur de l’industrie, avec comme objectif un effet multiplicateur sur les emplois. Pour une fois, les bonnes nouvelles se révéleraient-elles virales?

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