Mind the gap, please!

La perception de Genève à Londres, comme ailleurs, ne doit pas s’arrêter à une porte d’entrée touristique et à une place financière. Il faut repenser la manière de percevoir et de faire percevoir notre canton, pour espérer renforcer nos liens économiques existants avec nos partenaires étrangers et, ainsi, développer l’emploi sur le territoire genevois.

Quiconque s’aventure de l’autre côté du «Channel» doit s’attendre à ce rappel omniprésent dans le métro londonien : «Mind the gap, please!». Autrement dit «Attention au fossé, s’il vous plaît!». Une injonction qui prend tout son sens au Royaume-Uni depuis le 1er février dernier, jour d’entrée en vigueur du «Brexit».

En déplacement à Londres, en cette fin de semaine, pour honorer divers engagements visant à promouvoir notre économie genevoise, j’ai pu me rendre compte par moi-même des risques et des opportunités entrant en considération pour nos partenaires britanniques.

Un bel exemple d'unité

A cet égard, il faut rappeler que la Grande-Bretagne est le 6e partenaire commercial de la Suisse (avec plus de 36 milliards de francs d’échange en 2018) et le 3e marché le plus important pour l’exportation de services. De surcroît, ce sont plus de 27’000 emplois en Suisse qui sont attribués aux investissements britanniques et, notamment, 1,65 millions de nuitées touristiques de provenance anglaise pour 2018.

L’enjeu était donc pluriel.  Il s’agissait d’abord d’accompagner une importante  délégation culturelle genevoise, rassemblant toutes les grandes institutions muséales et artistiques, sous la houlette de Genève Tourisme, pour présenter les atouts de la Cité de Calvin à Madrid, à Paris et à Londres. J’ai donc rejoint cette délégation sur sa dernière étape, pour ce qui était une véritable première, dans la mesure où jamais encore on avait réussi à fédérer toutes ces entités. Un franc succès!

Apposer la marque "Genève"

Avec cette délégation culturelle et touristique, j’ai pu constater à quel point Genève détenait pour atout son incroyable diversité culturelle, mais aussi son rayonnement scientifique, reconnu mondialement. J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer plusieurs sociétés actives à Genève, ayant leur siège à Londres, notamment dans le secteur bancaire. Pour elles, sur fond de Brexit, la place financière genevoise représente indubitablement un partenaire reconnu pour la gestion privée, et en devenir pour la finance durable, dont on mesure l’immense potentiel. Le positionnement de Genève, au carrefour de la gouvernance mondiale et de la finance de haut niveau, apparaît évident dans ce contexte.

La perception de Genève à Londres s’arrête toutefois souvent là: une porte d’entrée touristique et une place financière. Cette perception tronquée est une des raisons pour laquelle j’ai souhaité que l’on repense la façon de présenter notre canton. Soit la manière de le percevoir et de le faire percevoir. Mon équipe du département du développement économique travaille actuellement sur une refonte du marketing territorial de Genève. Ce projet est essentiel, sachant que d’autres régions s’y sont déjà mises. Par exemple le Royaume-Uni, qui vient de lancer une campagne de réaffirmation de la marque «UK» pour repositionner les valeurs britanniques, là aussi sur fond de Brexit.

Du courage, de l'ingéniosité et de la cohésion

Je m’en suis bien rendu compte: le moment charnière que vit la Grande-Bretagne, avec le Brexit, est pris avec autant d’optimisme que de flegme, même si  l’on sent que la population a aussi été tentée par la voie solitaire sur la base d’un pari. Celui d’une voie solitaire, que la Suisse connaît bien et qui se mesure au coût des incertitudes qu’elle génère pour l’économie, ainsi qu’aux négociations bilatérales intenses qu’elle entraîne.

Dans ce contexte politique particulier, Genève peut espérer renforcer ses liens économiques existants, notamment pour les sociétés actives dans les technologies, dans une perspective de développement d’emplois pour sa population, même s’il est évident que l’Union européenne n’accordera jamais à la Suisse des conditions préférables à celles qui prévaudront en Grande Bretagne.  Pourtant, nos deux pays se retrouvent ensemble de l’autre côté du fossé et franchir le «gap» va nécessiter du courage, de l’ingéniosité et de la cohésion. En résumé: «Mind the gap! Don’t gap the mind!»

 

N. B.: La prochaine newsletter sera publiée le samedi 22 février 2020.

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