Maintenant, c’est le civisme qui doit devenir viral
Les semaines qui viennent s’annoncent difficiles et incertaines, tant humainement que financièrement. L’entraide et notre intelligence collective nous permettront de sortir de la crise provoquée par le coronavirus. Genève a été le premier canton à introduire, en un temps record, des mesures concrètes pour aider ses PME et leurs employés
Comme beaucoup de gens à Genève, j’ai vécu une semaine chargée en émotions, avec le sentiment diffus de vivre une situation très particulière. Nous ne sommes sans doute qu’au début de cette crise majeure, mais on perçoit déjà que ses répercussions ne se limiteront pas au seul domaine sanitaire. Si l’urgence porte en effet sur la protection de la santé de la population en freinant au maximum la propagation du virus, les impacts économiques auront des conséquences importantes dans la vie de beaucoup d’entre nous.
Les nombreux témoignages reçus cette semaine sur la hotline du département exprimaient une inquiétude croissante de la population, et en particulier des acteurs économiques. Comment faire face à la diminution massive de la consommation, à la rupture de la chaîne d’approvisionnement, à la baisse subite des chiffres d’affaires, à l’indisponibilité immédiate ou probable des employé-e-s, aux difficultés courantes de trésorerie? Pour y répondre, il faut une ligne claire et des actes concrets!
L'économie genevoise mérite des soins intensifs
Lundi, les témoignages des PME genevoises rencontrées ont été consolidés et ont abouti, mardi, à un plan d'action concocté par mes équipes pour aider les entreprises et tenter de sauver les emplois. Mercredi, les premières mesures de soutien à l'économie en cas de crise majeure ont été approuvées par mes collègues du Conseil d’Etat. Jeudi, le Parlement a voté en urgence et à l’unanimité la mise à disposition d'une nouvelle ligne de crédit de 50 millions pour les PME en difficulté. Et vendredi ces mesures entraient formellement en vigueur. Du jamais vu pour un processus réputé lent et compliqué, signe que la crise nécessite une réaction vigoureuse et rapide.
Dès lundi, la Fondation d’aide aux entreprises validera le tout premier dossier d'entrepreneur-e ayant fait appel aux mécanismes. Les premières décisions sur les dossiers de chômage partiel doivent aussi tomber dans le courant de la semaine. En parallèle, toutes les entités susceptibles de maintenir des liquidités dans le circuit économique seront sollicitées: banques, régies immobilières, services industriels, etc. Il n'y a qu'à ce rythme, et surtout en faisant preuve de solidarité, que l'on pourra surmonter cette crise. Ce sont des premières mesures nécessaires à court terme, car si l’on réussit à ralentir l’épidémie, il faudra en parallèle réussir à maintenir sur plusieurs mois une activité durablement altérée.
Agilité, créativité, collectivité
On doit donc aussi travailler sur des solutions à moyen et long terme, en faisant appel à l’agilité et à la créativité du réseau des PME. Concrètement, mes équipes planchent sur des pistes de reconversion rapide grâce aux solutions numériques. Autrement dit, il s’agit d’associer des domaines frappés de plein fouet par une baisse d’activité, qui a priori n’ont rien à voir ensemble (par exemple, la restauration et le transport de personnes) pour aider ces entreprises et proposer une solution de livraison à domicile aux personnes qui en ont besoin grâce à une interface digitale.
Les semaines qui viennent s’annoncent difficiles et incertaines. La tentation du repli sur des mesures illusoires sera grande, à l’image des pays qui décrètent la fermeture des frontières pour détourner l’attention des lacunes béantes de leur système de soins. Nous avons la chance d’avoir un service public solide capable de soutenir des initiatives innovantes pour sortir de la crise. Les solutions passeront par l’entraide et notre intelligence collective. En d’autres termes, par notre capacité à faire preuve de civisme. C’est ce souci de la collectivité qu’il faut rendre viral. Dès maintenant. |