Le civisme est la clé

Si lon peut aujourdhui citer des exemples où le principe de responsabilité collective prévaut, il ne faut pas oublier qu’il reste de nombreux domaines où ce comportement devrait encore s’exprimer davantage. 

Dès le début de la crise du coronavirus, et notamment à travers cette newsletter hebdomadaire, la notion de civisme a été régulièrement invoquée. Plus que jamais, le civisme, auquel je fais appel, va se révéler crucial avant tout dans sa dimension sociale, là où on pense d’habitude plutôt à un réflexe politique.

Le déconfinement dans lequel on s’engage ces jours, à un rythme un peu plus rapide qu’initialement envisagé, doit se faire de manière concertée, pas à pas. On en appelle à la citoyenne et au citoyen dans tous les moments de sa vie quotidienne: au travail (s’il n’est pas possible de pratiquer le télétravail) pour s’en tenir aux distances sanitaires, au supermarché (s’il n’est pas possible de se faire livrer les commissions) pour respecter les files d’attente, dans les transports en commun (s’il n’est pas possible d’éviter le déplacement) pour éviter les contacts directs. A chaque occasion, on invoque à juste titre le réflexe citoyen qui crée la bonne distance.

Cette discipline personnelle peut sembler vaine ou excessive, mais elle est en réalité essentielle. Le but est d’éviter les trop grandes densités de population. Et pour cela seul le civisme peut fonctionner, quand chacune et chacun se rend compte de l’importance de repenser ses comportements habituels à l’aune des besoins d’autrui.

Solidarité interprofessionnelle et intercantonale

Au sein de mon département, les fonctionnaires ont parfaitement compris l’importance de continuer le télétravail afin de renoncer à prendre les transports publics au profit des travailleurs et travailleuses de l’économie privée obligé-e-s de se rendre physiquement sur leur lieu de travail. Ce premier pas vers une solidarité interprofessionelle est nécessaire à un déconfinement réussi. 

De même, l’une des nouvelles mesures sur laquelle mon département travaille est la promotion du tourisme indigène afin de sauvegarder les emplois de la branche et de redymamiser un secteur très durement touché par la crise.  Au vu de l’évolution sanitaire, les vacances - pour celles et ceux qui auront la chance d’en prendre – auront sans doute lieu en Suisse. J’ai donc rapidement appelé deux collègues d’autres cantons pour leur suggérer de préparer une opération commune sur le principe d’un programme d’échange et de découverte pour nos concitoyen-ne-s incité-e-s à (re)découvrir les charmes et la diversité de notre pays. 

Générosité d’une propriétaire inconnue

La reconduction pour le mois de mai de l’accord tripartite Etat-milieux immobiliers (USPI Genève-CGI)-Asloca Genève, d’avril sur l’exonération des loyers commerciaux pour les petites et très petites entreprises, ainsi que son extension aux commerces de plus grande ampleur, sur un régime de partage des charges pour les loyers d’avril à juin 2020 est une excellente nouvelle pour les petites entreprises et les commerçant-e-s genevois-es. Je remercie, encore une fois, les parties pour la bonne volonté dont elles ont su faire preuve. 

Là aussi, j’invoquais le civisme comme principe de responsabilité collective devant guider l’action de chacune et de chacun, avec une renonciation à l’accord quand on peut payer son loyer. A cet égard, je tenais également à saluer le geste généreux de cette propriétaire anonyme qui a appelé le Département du développement économique pour retirer la demande d’exonération de son locataire afin d’éviter à l’Etat de payer sa part, dès lors qu’elle voulait assumer seule cette charge. 

Prendre de la distance mais rester proche

Si de tels exemples peuvent donner confiance, il ne faut pas oublier qu’il reste de nombreux domaines où le civisme devrait encore s’exprimer davantage. Je pense en particulier à l’économie domestique, un secteur au sein duquel encore trop des personnes sont abandonnées à elles-mêmes. Nous avons tous et toutes été remué-e-s, ce week-end, par cette file interminable de personnes – en majorité des femmes -, devant la piscine des Vernets, venant retirer des sacs alimentaires pour nourrir leur famille. Cette situation, inédite à Genève depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, devrait nous pousser à nous interroger sur la place qui leur est laissée dans le tissu économique genevois. Il me tient à cœur, et je l’ai défendu avec Papyrus, que l’Etat intervienne pour répondre à la souffrance de ces travailleurs et travailleuses, parmi les plus démuni-e-s, qui participent pourtant activement à l’économie du canton. Le Conseil d’Etat travaille d’ores et déjà en ce sens pour répondre à l’urgence de l’économie domestique en cette période de Covid-19. 

Dans les semaines à venir, le déconfinement sera réussi - ou pas - non seulement en fonction du maintien à bonne distance de chacun-e d’entre nous, mais aussi et paradoxalement en fonction de notre capacité à rester proche, à savoir nous mettre à la place de l’autre. Finalement, en ces temps de virus, le civisme c’est fuir la densité physique mais chérir le lien social.

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