L’assurance n’a pas de prix,
mais elle a un coût à partager

 

Jusqu’ici, les assureurs sont restés prudemment à l’abri des injonctions étatiques, mais cela ne saurait durer. Car si l’Etat est régulièrement invoqué ces dernières semaines, il est temps que les assurances entrent en scène et ouvrent leur bourse pour contribuer à l’effort collectif.

La cote de l’assurance est généralement en hausse, en période de crise. Chacun-e cherche à parer le risque, au coût moindre, si possible, en invoquant une couverture préalablement contractée. Et si personne n’aime payer pour un risque qui se réalise, on aime encore moins ouvrir sa bourse pour un risque jusque-là inexistant. Il en va ainsi d’une pandémie comme d’un incendie ou d’une maladie. L’assurance est par essence un mal nécessaire dont la prise en compte se révèle capitale après coup.

Une assurance est un service qui fournit une prestation lors de la survenance d'un événement incertain et aléatoire appelé communément «risque», décrit Wikipedia. La prestation, généralement financière, peut être destinée à un individu, une association ou une entreprise, en échange de la perception d'une cotisation ou prime. Par extension, l'assurance est le secteur économique qui regroupe les activités de conception, de production et de commercialisation de ce type de service.

Mais où sont passés les assureurs ces dernières semaines?

Les assureurs sont silencieux depuis la fin de l’hiver. On ne les entend pas, sans doute en raison de la survenance de ce «risque» concret qu’est le Covid-19. Les assureurs s’accommodent de la qualification de pandémietentant ainsi de l’évacuer du risque épidémique pris en charge, car une pandémie n’est pas une épidémie... Un peu comme si un brasier n’était pas un feu ordinaire couvert par une assurance incendie. On voit là les limites de l’exercice de la définition du risque pour certains assureurs.

Il en va de même pour la prise en compte des frais médicaux engendrés par le Covid-19. Certains assureurs aimeraient qu’on les intègre dans les dépenses médicales courantes, au risque de charger davantage les coûts de la santé. Or il existe justement des réserves auprès des assurances maladie, pour ce type de situation. Des réserves colossales, de près de la dizaine de milliards, précisément constituées pour de pareilles situations.

Qui prendra en charge les tests au Covid-19?

L’enjeu des prochaines semaines réside notamment dans la capacité pour notre société de limiter et d’identifier la diffusion du virus. Il faudra donc augmenter substantiellement le nombre de tests, et convaincre la population de s’y soumettre volontairement à la première alerte ou au premier symptôme. Seulement à ce jour, le test coûte en moyenne 500 francs, gestes médicaux, analyse, matériel et résultats compris. Autant dire une somme astronomique pour la majorité des ménages, alors qu’on ne sait pas vraiment qui prend en charge.

Il est facile de comprendre que cette phase de déconfinement sera réussie si tout le monde joue le jeu et donc si chacun-e se plie à la détection virale. Mais qui voudra s’y prêter si la facture est d’un demi-millier de francs à sa propre charge? Le risque étant évidemment que les gens cachent leurs symptômes et renoncent à se faire tester, avec les conséquences que cela pourrait engendrer dans les cas graves sur la gestion des flux au sein des unités médicales. Sans compter le risque de trafic de tests à bas prix dont la qualité n’aura pas été homologuée. Pourquoi la Confédération n’est-elle pas capable ne décréter que cet acte médical incombe à l’assurance maladie, et plus précisément à la réserve précisément constituée pour pareille circonstance?

Un fonds de solidarité sur les réserves des assurances

Jusqu’ici, le secteur des assurances est resté prudemment à l’abri des injonctions étatiques, mais cela ne saurait durer. Car si l’Etat est régulièrement invoqué, ces dernières semaines, pour parer tous les risques possibles et imaginables, il est temps que les assurances régulièrement constituées et alimentées ces dernières années entrent en scène et ouvrent leur bourse pour contribuer à l’effort collectif.

«Les assureurs ne veulent plus rien assurer sans avoir l’assurance que le risque qu’ils garantissent est devenu inexistant», disait l’autre sous forme de boutade. Certes. Mais les assureurs devraient se rappeler que les réserves constituées sont le résultat des primes très élevées payées par les assuré-e-s de notre pays.Ils devraient donc se montrer solidaires. La ponction de 1% du chiffre d’affaires de ces sociétés d’assurance pour créer un fonds de solidarité permettant de garantir la prise en charge gratuite des tests médicaux du Covid-19 ne serait pas un effort démesuré pour les assureurs, compte tenu des résultats financiers obtenus.

Les assurances sociales ont été inventées au siècle passé pour faire primer la possibilité du bonheur pour l’ensemble de la société sur les privilèges de quelques-un-e-s, le tout n’étant pas offert gratuitement, mais assumé par une ponction sur les salaires. Il est temps de redéployer cette philosophie sur la crise que nous vivons. Non seulement pour mutualiser le risque, mais surtout pour le surmonter.

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