Vers un Salon de l'auto en 2021

Sans manifestation l'an prochain, rien ne justifie l’urgence d'un projet innovant, et encore moins l’engagement de l’argent du contribuable. Pire: une partie des salarié-e-s de Palexpo SA risque de perdre leur emploi dès cet automne, avec l’assurance d’un effet domino négatif sur tout le secteur du tourisme et de l’accueil. Il faut donc refuser le défaitisme ambiant et se battre pour assurer l’avenir Immédiat du Salon.

Le Parlement a accepté vendredi le projet de loi proposé par le Gouvernement pour soutenir le Salon de l’Automobile, rebaptisé il y a quelques années le «Geneva International Motor Show  (GIMS)», avec un prêt à hauteur de 16,8 millions. Il l’a fait selon un clivage gauche-droite, en raison d’un malentendu. Et c’est dommage, car le débat n’aurait pas dû être pour ou contre la voiture, mais bien pour l’emploi.

Les retombées économiques du GIMS sont très importantes pour Genève et sa région. Que ce soit en termes directs, avec le poids de la manifestation pour Palexpo, tout comme pour les importateurs et constructeurs; ou en termes indirects pour les secteurs événementiel et touristique, ainsi que pour les centaines voire les milliers d’employé-e-s d’hôtels, restaurants, services traiteur, fleuristes, taxis, agences actives dans l’événementiel, etc. qui vivent de ce Salon.

Attendre que d'autres fassent l'effort

Le débat était décevant. Il s’est également focalisé sur les risques réels - mais quelle activité n’en comporte pas? -, là où on devrait vibrer pour un nouveau salon tourné vers l’innovation durable et l’émulation économique  que promet un tel événement. Contrairement aux horlogers qui, eux, ont décidé d’assumer l’organisation de leur salon un an à l’avance pour une édition genevoise qui s’annonce inédite, les organisateurs du Salon de l’Auto ont cherché par anticipation les raisons d’une annulation en 2021 (mais en demandant à l’Etat une indemnisation pour l’édition 2020 quand même...) plutôt que de tenter d’emmener avec eux des acteurs de la branche qui auront plus besoin que jamais d’une vitrine post-Covid.

Rétrospectivement, le Conseil d’Etat a eu raison d’exiger le maximum de garanties sur l’édition à venir d’une manifestation qui bénéficierait de pareille aide publique, ce d’autant plus que l’aide en question est garantie par les actions de Palexpo que détient le Salon, lesquelles actions ne vaudront plus la même chose (et ne constitueront donc plus la même garantie) si le GIMS vient à s’interrompre. Une situation susceptible de fragiliser Palexpo SA,  une entreprise -il faut le rappeler- considérée d’utilité publique dont l’Etat est l’actionnaire majoritaire.

Autrement dit, sans manifestation en 2021, plus rien ne justifie l’urgence du projet et encore moins l’engagement de l’argent du contribuable. De surcroît, si le Salon ne se tient pas - sous une forme ou sous une autre - au printemps 2021, ce sont les salarié-e-s de la société Palexpo SA, qui risquent de perdre leur emploi dès cet automne, avec  pour corollaire la perte de savoir-faire pour une hypothétique édition 2022. C’est par ailleurs l’assurance d’un effet domino sur tout le secteur du tourisme.

Fini les atermoiements, il est temps d'agir 

Les organisateurs du Salon ont malheureusement tergiversé ces dernières semaines, pour finir par se positionner publiquement contre le prêt, tout en envisageant la vente. Bref, cela a créé beaucoup de confusion. Du côté du Conseil d’Etat, les choses ont toujours été claires: oui à  un prêt, mais à la condition d’une édition 2021 avec un partage des risques, de l’organisation et du pilotage programmatique entre l’Etat et les organisateurs, ce qui nécessitait un repositionnement de la gouvernance de la fondation. Si le texte accepté par le Parlement a supprimé l’exigence d’une convention de collaboration, contrairement à ce qui a été dit, le vote du Grand Conseil n’a pas supprimé l’obligation première liée au prêt : l’organisation d’un salon en 2021. C’est même ce qui justifie une partie du prêt.

L’article 2, que les députés ont expressément maintenu, le stipule: «Le prêt est affecté à la prise en charge par la Fondation «Comité permanent du Salon international de l'automobile» de coûts liés à l'annulation du salon Geneva International Motor Show (GIMS) 2020, en raison de la crise sanitaire Covid19, et de certains frais relatifs à l'organisation du salon GIMS 2021.»

Par conséquent, à ce stade, il faudra plus que le passage au Grand Conseil pour sauver l’édition 2021 et garantir les emplois. Il faudra une énergie constructive et partagée pour faire souffler un vent nouveau sur un événement aussi emblématique pour Genève. Pour ma part, je m’y engage activement.

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