La culture est la solution, pas le problème !

Les annonces d’ouverture/fermeture de ces derniers jours, l’incertitude quant aux perspectives de reprise et le stress du lendemain qui prend au ventre épuisent, fragilisent et abiment bon nombre de personnes parmi lesquelles figurent les acteurs-trices du monde de la culture. Après avoir disparu des écrans radar politiques et avoir faiblement occupé l’espace médiatique, les acteurs-trices de la culture espéraient, en cette fin d’année, reprendre leur place dans la vie sociale et redéployer leurs activités à forte valeur ajoutée. Il n’en sera rien. Quand bien même les solutions sont à portée.

Depuis le début de la crise sanitaire, les personnes actives dans le domaine culturel  se trouvent dans un des « angles morts » caractéristiques des mesures d’aide et d’accompagnement aux secteurs sinistrés. Perçues comme difficiles à classer dans une catégorie traditionnelle des relations de travail (contrats hybrides), elles apparaissent à tort comme un problème.

Or le dynamisme culturel est au contraire une solution. Pas seulement une solution pour faire diversion à la morosité ambiante, mais également une solution dans une perspective différente de la crise que nous traversons: la culture comme aiguillon pour une appréhension nouvelle des relations économiques et sociales.

Avec ses professions qui voient leurs acteurs-trices changer fréquemment d’employeur, avec ses besoins réguliers de formation continue, avec les attentes d’évasion et le besoin de découvertes croissant du public, le monde de la culture préfigure ce que pourrait être l’emploi de demain et ses débouchés. Une fois encore, la culture pourrait être à l’avant-garde.

Pour un statut des intermittent-e-s

Mais il ne faudrait pas que ce soit à l’avant-garde de la précarité. Autrement dit, cette vision positive et généreuse d’une culture avant-gardiste par rapport à l’économie n’a de sens que si elle s’inscrit dans un cadre solide et clair. Ainsi, il apparaît essentiel que le canton de Genève complète une lacune fédérale en fixant la protection sociale des intermittent-e-s, en souffrance depuis des lustres, et donc en instaurant enfin un statut des intermittent-e-s.

En l’absence de protection, il fallait trouver une solution pour sauvegarder les emplois dans le secteur et préserver le vivier créatif. Le 16 avril dernier, je proposais au Conseil d’Etat genevois un système simple et pragmatique de soutien forfaitaire aux actrices et acteurs de la culture, basé sur un modèle allemand : trois mois de rémunération au plancher APG (3 x 3’320.- = 10’000.-) pour les quelque 1000 intermittent-e-s, comme aide immédiate, en contrepartie de prestations futures notamment dans le monde scolaire.

La proposition était peut-être trop facile et carrée pour être retenue, mais l’on n’est jamais revenu sur ce débat consistant à imaginer une aide adaptée aux personnes concernées; aide qui aurait permis d’avancer sur la question des assurances sociales du secteur. C’est dommage car en l’absence de solutions pragmatiques, les attentes des milieux culturels ont souvent été déçues et l’écho de leurs revendications légitimes s’éteint dans le vide.

Un soutien concret à la création

La culture est essentielle. Mais le clamer ne fait pas une politique. Il faut en faire la démonstration, précisément en période de crise. Dans ce contexte, le développement des industries créatives, notamment grâce au numérique, est une opportunité formidable. Pourquoi ne pas rassembler les acteurs privés et publics (RTS comprise) dans un projet innovant et rassembleur de multiples expertises sur un campus genevois ? Une occasion de replacer le monde culturel au centre du tissu économique, tout en soutenant concrètement la création genevoise.

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