«Il n’y a pas de poison, tout est dans le dosage»

 

Les mesures en période de pandémie sont par définition des pesées d’intérêt. L’Exécutif fédéral a ainsi validé le combat mené à Genève depuis trois semaines pour protéger les indépendants-e-s et petites entreprises de notre pays. Mais il nest, hélas, pas allé jusqu’au bout du raisonnement.

Semaine après semaine, les Exécutifs de notre pays s’illustrent dans l’art consommé du bon dosage. Comme le disait Paracelse, fameux médecin - mais aussi philosophe et théologien - bâlois du 16e siècle: «il n’y a pas de poison, tout est dans le dosage». Ou comme l’a dit notre ministre fédéral de la santé: «il faut agit aussi vite que possible mais aussi lentement que nécessaire».

Les mesures en période de pandémie sont par définition des pesées d’intérêt. Elles s’inscrivent dans le mouvement et postulent donc une avancée, mais elles s’inscrivent aussi dans un contexte dont on ne peut s’abstraire. Un contexte international bien sûr (on est tributaire des décisions de nos voisins), mais aussi un contexte psychologique et social (on subit le confinement, qui - il faut le dire et le rappeler - s’avère insupportable aux plus défavorisé-e-s).

Lapparition de nouvelles inégalités

Dans cet exercice périlleux, les élu-e-s  qui ne bougent pas, ne se projettent pas, n’expliquent pas dans quel sens va la dynamique, font subir un poids encore plus lourd à la population. A l’inverse, il y a celles et ceux qui tentent, décident, se trompent et corrigent, prennent le risque de choisir une voie, mais aussi osent chercher un nouvel équilibre.

Les mesures annoncées cette semaine ont confirmé le fait que l’Exécutif fédéral soupesait ses engagements. Il a ainsi validé le combat mené à Genève depuis trois semaines pour protéger les indépendants-e-s et petites entreprises de notre pays, mais hélas sans aller jusqu’au bout du raisonnement, puisqu’il plafonne son aide, même s’il faut reconnaître l’importante correction concédée pour aider financièrement une part plus importante d’entrepreneur-e-s.

Il a en revanche créé de nouvelles inégalités, cette fois entre branches économiques et au sein même de celles-ci entre les petits acteurs et les plus grands, en privilégiant dans son plan de déconfinement une approche pour le moins paradoxale. Les salons de coiffure et de massage pourront rouvrir le 27 avril, ainsi que les rayons de tout type dans les grandes surfaces alimentaires, mais pas les libraires ni les cordonnier-ère-s qui devront patienter jusqu’au 11 mai, tout comme les restaurateurs-trices, jusqu’au 8 juin, pour reprendre leur activité.

Rétablir léquilibre

Bien d’autres commerces sont concernés par ce plan de déconfinement qui instaure de facto une concurrence déloyale évidente, alors même que les contingences sanitaires imposées par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) s’appliquent en tous lieux. Pourquoi ne pas considérer tous les commerces de la même façon, mais avec des mesures strictement imposées, comme la protection des salarié-e-s et des mises en place de distance spatiale, quand cela aura été rendu possible. Pour la situation présente et pour les prochaines épidémies qui ne manqueront pas de survenir un jour.  

Le poison du déconfinement, ce serait assurément une sortie prématurée et précipitée de la crise sanitaire. Mais ce serait aussi un tâtonnement de mesures qui couleraient encore davantage celles et ceux qui luttent, aujourd’hui, pour préserver leur outil de travail et les emplois afférents. Alors allons un pas plus loin dans le bon sens et le pragmatisme, approfondissons les mesures d'accompagnement du déconfinement par l'Etat et corrigeons cette décision, car l’équilibre économique et la paix sociale sont aussi à ce prix.

 

 

Facebook
Twitter
Linkedin
Instagram
Youtube