Garder le cap

Il y a un an jour pour jour, le 28 février 2020, Genève entrait dans sa phase de « crise Covid » avec l’annonce par le Conseil fédéral de l’interdiction du Salon de l’Automobile. Depuis se sont succédées une première puis une deuxième vague d’infections épidémiques, et leurs douloureuses répliques aux niveaux économique et social. Si la vaccination en cours laisse espérer une sortie du tunnel, c’est dès à présent qu’il faut soutenir celles et ceux qui mettent en place des projets pour sortir de la crise. En cela, l’État a un rôle déterminant à jouer. 

Soutenir les nouveaux projets

Il y a, en effet, de nombreuses raisons d’espérer. L’une d’elles repose sur l’existence à Genève de nombreuses jeunes pousses entrepreneuriales qui ne craignent pas de se lancer, malgré les obstacles qui existaient déjà avant la crise actuelle. J’en ai rencontré plusieurs, surtout ces dernières semaines, à la permanence. Au-delà de leur volonté de travailler et d’innover, elles ont avant tout besoin qu’on leur fasse confiance.

Il en va ainsi de cette jeune société qui a mis un an et demi pour convaincre une régie de lui louer une arcade et lancer sa production/vente de Bubble Tea, en s’appuyant sur un financement privé provenant des proches des deux jeunes associés. Au terme d’un gymkhana administratif, qui rallongerait excessivement cette newsletter si on devait le décrire, ces deux compères ont donc lancé leur affaire à la rue de la Cité et ils cartonnent depuis, avec plusieurs jobs à temps partiel en perspective.

Idem pour un jeune étudiant en droit qui trouvait dommage de ne pas favoriser concrètement le réflexe du commerce local. Il a mis sur pied une application numérique pour fidéliser les client-e-s dans un périmètre donné. Grâce à un investisseur privé et au capital accumulé en livrant des pizzas, il a lancé son expérience pilote à Plainpalais, avec un certain succès et surtout la conviction qu’il colle à l’air du temps, en soutenant les circuits courts par la collecte des données précieuses pour les commerçant-e-s locaux.

Autre exemple dans le domaine industriel, avec cette association entre une spécialiste du marketing digital et un microtechnicien horloger pour lancer une nouvelle marque haut-de-gamme, avec cinq pièces produites par année, dans le domaine de la grande complication. Là aussi, il s’agit de combiner des compétences techniques avec des facultés apprises sur le tas et surtout avec une capacité de comprendre un environnement économique demandant agilité et qualité de service.

Le rôle de l’État

J’ai bien d’autres exemples en tête qui illustrent avec enthousiasme la diversité et l’ingéniosité de ces jeunes entrepreneur-e-s genevois-es, mais ces trois situations m’inspirent déjà fortement sur les mesures à prendre pour faciliter le démarrage d’entreprises. Libérer les énergies passe par moins d’entraves administratives du côté de l’Etat, par des prestations d’amorçage financier plus accessibles, et par une meilleure mise en réseau des acteurs-trices de l’offre et de la demande, sous la forme d’une plateforme numérique qui pourrait être portée par les pouvoirs publics.

Autrement dit, j’ai croisé trop de jeunes (et moins jeunes) désireux-euses de se lancer dans une aventure entrepreneuriale mais refroidi-e-s par la façon dont les PME et les indépendant-e-s étaient traité-e-s durant la crise Covid, inquiet-e-s de l’absence de confiance de la part des entités économiques bien installées et peu enclines à se laisser bousculer sur des nouveaux modèles d’affaire. Or, c’est pourtant sur ce créneau qu’il nous faut aujourd’hui positionner Genève si on veut stimuler la création de nouvelles places de travail, de nouvelles activités et, au final, de nouvelles compétences professionnelles. En somme, une façon très concrète de garder le cap.

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