Logements à Genève : faisons preuve de cohérence !

10'000 personnes sont en attente de logements à Genève. Ce n’est un secret pour personne, la classe moyenne n’arrive pas à se loger et la crise a fragilisé les locataires. Le taux de logements d’utilité publique est de 10% quand la loi la fixe à 20%. En cause, le refus de construire en hauteur là où c’est possible. Pourtant les solutions existent.

La crise du Covid a particulièrement fragilisé les locataires. Si les locataires commerciaux ont pu être soutenus dès le début de la crise grâce à l’opération Vesta mise en place, dès avril 2020, entre l’Etat de Genève, les milieux immobiliers et l’ASLOCA, il n’en est pas de même des locataires d’habitation. Pour les indépendant-e-s touché-e-s par la crise c’est souvent la double peine : ils-elles doivent assurer le sauvetage de leur entreprise et payer des charges privées tel que le loyer d’habitation. Un projet de loi permettant aux indépendant-e-s d’obtenir un prêt pour régler leur loyer d’habitation a été refusé récemment au parlement. Or, le logement demeure une préoccupation aiguë à Genève. 

Lutter contre la spéculation

Réduire la construction ou la freiner revient à favoriser l’explosion du prix des loyers et donc à favoriser la spéculation immobilière qui fait exploser le prix des loyers et force la classe moyenne à trouver refuge en dehors du canton. Alors, il faut construire mais faire avec l’exiguïté du territoire. 

En créant des logements de qualité pour l’ensemble de la population, avec des aménagements au sol (commerces, crèches, aires de jeux, etc.) pour favoriser les lieux de rencontre et resserrer les liens sociaux. Je suis convaincu qu’on peut le faire même en densifiant en hauteur avec une mixité de logements (logements d’utilité publique, propriétés par étages [PPE]) ; les exemples réussis sont nombreux dans le canton comme les Tours de Carouge ou le Lignon. 

Transformer et alléger

A l’époque la ceinture fazyste, soit le territoire entourant la vieille ville, était composée de logements d’habitation. La transformation de la ville a vidé ces logements dont beaucoup sont devenus des cabinets de médecin ou des études d’avocat. Il serait tout à fait possible de réallouer ce périmètre en appartements, en déplaçant ces professionnel-le-s dans les locaux commerciaux vides qui ne peuvent pas être transformés en appartements pour des raisons architecturales.

Dans l’idée visant à permettre de limiter la charge financière locative pour les ménages, pourquoi ne pas imaginer une déduction sociale pour le logement affecté au domicile principal du contribuable, à l'instar de ce que pratique déjà le Canton de Vaud ? Cela soulagerait les familles de la classe moyenne mais aussi les personnes âgées n’ayant souvent que l’AVS et parfois une petite rente annexe.

Mettre fin à l’opacité

Les pouvoirs publics doivent aussi travailler sur l’accessibilité au logement pour les PPE en zone de développement, c’est-à-dire pour les PPE dont le prix est fixé par l’Etat. La loi Longchamp a mis fin à certaines dérives permettant à une personne d’acquérir plusieurs logements dans le but de spéculation. C’est bien, mais il faut aller plus loin en exigeant des critères stricts : ouverture des inscriptions par l’Etat avec choix par ordre d’arrivée et publication des noms pour les attributions. 

Récemment la presse a révélé qu’un couple s’était acheté deux appartements dont le prix était contrôlé par l’Etat. Ce n’est pas normal quand les listes d’attente atteignent des milliers de personnes pour une centaine de logements seulement. L’opacité est totale quant à l’acquisition de ces logements. 

Sans critères de transparence, la PPE pour la classe moyenne est un leurre. Rendre transparente l’accessibilité des appartements à vendre contrôlés par l’Etat, évitera de contourner la loi Longchamp avec des acquisitions par copinage et permettra de libérer des appartements sur le marché locatif. 

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