La rentrée... ou la sortie?

Les entrepreneur-e-s sont moins demandeurs-euses de soutien financier, que d’écoute des autorités et de solutions pour continuer à travailler. En cette période de pandémie, la réactivité et la diligence sont le minimum que les citoyen-ne-s sont en droit d’exiger des services de l’Etat.

Il paraît que c’est la rentrée... Pas sûr que ce soit vrai pour tout le monde.  En quelques semaines de visites de terrain dans les entreprises, peu sont celles dont les dirigeant-e-s m’annoncent avoir le sentiment que les affaires reprennent.

Au contraire, à l’exception du commerce alimentaire qui a connu un été fructueux, bien peu de secteurs économiques ont vu leur chiffre d’affaire redémarrer. Pire, nombreux sont ceux qui doivent maintenant sérieusement envisager de licencier, avec la fin prochaine du régime de réduction d’horaire de travail (RHT).

Cette semaine, c’était la firme industrielle Jean Galley SA, fleuron dans le domaine aéronautique, qui annonçait le départ forcé d’un quart de son effectif d’ici la fin de l’année. Une décision douloureuse pour la patronne de cette société de plus de 200 employé-e-s, avec qui elle travaille depuis de nombreuses années. Un drame pour l’ensemble du personnel.

LEtat doit aller plus loin encore

Un autre secteur touché est le monde de la nuit. Les établissements nocturnes connaissent une deuxième fermeture qui les prive de clientèle depuis le 31 juillet. C’est un coup dur pour l’ensemble des entrepreneur-e-s et employé-e-s qui se retrouvent sans revenus. Lorsqu’un secteur économique entier doit cesser son activité par décision des autorités, il est juste d’envisager une indemnisation permettant de traverser la période d’inactivité. C’est le but de la rencontre qui aura lieu à mon département la semaine prochaine avec les acteurs de la branche. 

Dans le domaine du tourisme, pour les voyagistes, les hôtelier-ère-s et les restaurateur-trice-s, il faudra envisager d’autres pistes que les approches développées cet été, car l’encéphalogramme de leurs activités demeure désespérément plat. Si la loi tourisme, votée le 25 juin dernier au parlement, aura permis à la branche une salutaire bouffée d’oxygène, les mesures proposées ne seront évidemment pas suffisantes. L’Etat doit aller plus loin en aidant le secteur à se réinventer.

En effet, j’ai perçu  des entrepreneur-e-s moins demandeurs-euses de soutien financier que d’un besoin d’écoute et de support au rebond. Autrement dit, les chef-fe-s d’entreprises souhaitent que l’Etat les aide à continuer à travailler. Ils-elles savent que le risque n’est pas la rentrée, mais la sortie définitive. Pour l’éviter, les services publics peuvent, par exemple, leur faciliter les démarches administratives -toujours trop compliquées- ou les soutenir dans les processus innovants pour un modèle d’affaires plus adapté au contexte actuel.

Légalité de traitement

Je le rappelais en début de semaine passée sur Léman Bleu, tout comme j’insistais sur l’importance de valoriser les entrepreneur-e-s. On ne peut pas les considérer comme des employé-e-s lorsqu’il faut payer l’AVS et  leur refuser les prestations AVS lorsqu’ils-elles en ont besoin. C’est une question d’égalité de traitement. Avec la reprise parlementaire à Berne, le canton de Genève fera entendre la voix du terrain en soutien aux entreprises, notamment pour corriger les nombreuses inégalités en matière de RHT et d’APG qui se sont révélées durant la crise. 

S’il en est une que nous avons d’ores et déjà corrigée, à Genève, c’est celle qui concernait les indépendant-e-s ayant une entreprise en nom propre et les dirigeant-e-s de Sàrl et SA, en matière de perte de gain. Ce sont ainsi plus de 6000 dossiers qui ont été traités durant l’été pour servir un complément financier bienvenu à ces entrepreneur-e-s.

J’en profite pour remercier chaleureusement mon équipe, renforcée par des étudiant-e-s, au Département du développement économique, qui a travaillé d’arrache-pied pour que les bénéficiaires de ce complément RHT l'obtiennent rapidement. En cette période de pandémie, la réactivité et la diligence sont le minimum que les citoyen-ne-s sont en droit d’exiger des services de l’Etat. Surtout si parmi les citoyen-ne-s, certain-e-s n’ont pas eu la chance de connaître une rentrée.

Facebook
Twitter
Linkedin
Instagram
Youtube