Evitons de donner un coup de poignard aux entreprises et à l'emploi

 

Pour l’économie genevoise, fortement tournée vers l’extérieur, le marché de l’Union européenne représente près de 50% des exportations et plus de 60% des importations. Les Accords bilatéraux sont particulièrement favorables à nos PME locales. Le 27 septembre prochain, il faudra voter "NON" à l'initiative de limitation!

Le 27 septembre 2020, nous serons appelés aux urnes pour nous prononcer pour ou contre l'initiative de l'UDC visant à mettre un terme à l'accord sur la libre circulation des personnes (ALPC). Dans un canton comme le nôtre, la stabilité et la force dépendent de notre capacité à nous engager et à collaborer avec nos voisins. Il est illusoire de penser que la rupture de l'ALPC et, avec elle, l'abandon des accords bilatéraux, rendra à la Suisse une autonomie supposée perdue. Au contraire, cela créera des contraintes administratives et douanières qui fragiliseront encore davantage des entreprises déjà fortement secouées par la crise du COVID-19.

Les PME locales sont la colonne vertébrale de notre économie. Les Accords bilatéraux leurs sont favorables. Si l'initiative de lUDC est acceptée, il sera impossible de signer des accords commerciaux avec les plus importants pays européens, car l'Union européenne (UE) a une politique commerciale commune. Quant à un nouvel Accord de libre-échange avec l’UE, il ne permettrait pas d’atteindre le même niveau d’accès au marché que nous connaissons actuellement. Et ceci serait pénalisant pour l'ensemble des PME genevoises.

L'innovation est essentielle pour faire face à la crise

On l'a vu pendant la crise, la nécessité pour nos entreprises d'être agiles est fondamentale. Cette agilité a permis la réallocation rapide des chaînes de production, pour développer des solutions médicales d'urgence dont les hôpitaux avaient besoin. Le soutien aux indépendant-e-s est tout aussi essentiel pour préserver le tissu économique et, ainsi, permettre aux entreprises de pointe de répondre aux crises systémiques (sanitaires, écologiques et sécuritaires) actuelles et à venir. Or, ce sont principalement ces entreprises à l'avant-garde de leur domaine d'activité qui ont besoin de l'UE pour les transferts de technologie entre les institutions académiques et le secteur privé. Cette IN de limitation risque donc de mettre un frein à l'innovation, en appauvrissant les échanges. Rappelons que l'acceptation le 9 février 2014 de l'initiative populaire fédérale «Contre l’immigration de masse» - que le canton de Genève avait refusée à 60,9% - a eu pour conséquence que l'UE suspende le programme d’échanges étudiant-e-s Erasmus. Une catastrophe pour la recherche.

Les entreprises installées à Genève, de même que celles qui projettent de développer de nouvelles activités dans notre canton ont besoin de sécurité juridique. L’initiative de limitation impose des délais, complètement irréalistes, pour négocier avec l’UE. A supposer que cette dernière entre en matière, le texte élaboré par les initiants donne plus exactement un an pour négocier la fin de la libre-circulation. Au terme de ce délai, le Conseil fédéral devra résilier l’accord dans les 30 jours. Six mois plus tard, en vertu de la clause guillotine, les autres accords bilatéraux seront dénoncés.

Assurer les recettes fiscales et garantir les emplois

Si l’initiative est acceptée, notre pays pourrait se retrouver sans plus aucune garantie juridique, dans le domaine économique et en matière de sécurité sociale notamment, dès le 1er janvier 2022. Nous rentrons alors dans une période de plus grande incertitude encore que celle qui a débuté juste après le vote négatif de l’EEE en 1992, et qui a contraint la Suisse à négocier des Accords bilatéraux avec l'UE. Le risque sur la pérennité des entreprises est élevé, et aura une incidence sur le montant des recettes fiscales pour financer les prestations à la population.

Contrairement à ce que les initiants soutiennent, un nouvel accord-cadre «Accord institutionnel entre la Suisse et l’UE», renforcera les mesures d'accompagnement, en appliquant de façon plus homogène et efficace les accords (existants et futurs) portant sur l'accès au marché commun européen. Rompre les Accords bilatéraux rendra, de facto, caduque les mesures d'accompagnement, ce qui laissera au final les travailleurs-euses à la merci du dumping salarial.

Valoriser lhumain et anticiper ses besoins sur le marché du travail

La protection des travailleurs-euses dans notre canton ne passe pas par la fermeture des frontières, mais par une politique de soutien à l'emploi axée sur des programmes d'employabilité portés par l'Etat. Le risque d'un chômage de longue durée est accru pour les personnes dont les compétences n'auront pas été mises à jour tout au long de leur vie. Pour lutter efficacement contre la crise économique, l'Etat doit aider les entreprises à valoriser les compétences dont elles ont besoin actuellement, notamment pour faire face à la crise, et celles qui seront indispensables pour les aider à se développer à l'avenir.

Cela implique d'aller plus loin que la logique de subventionnement - intenable à long terme - pour entrer dans celle de l'investissement. L'investissement sur l'humain par des programmes d'employabilité, à l'image du Luxembourg qui n'a pas hésité à engager 12 millions d'Euros dans la mise en place de la première initiative nationale multipartite de développement des compétences appelée Luxembourg Digital Skills Bridge. C'est là la condition sine qua non pour éviter une paupérisation de notre population et pour que le canton reste compétitif sur le marché mondial.

Facebook
Twitter
Linkedin
Instagram
Youtube