Deuxième vague.

Économique aussi.

 

C'est aux autorités cantonales d’anticiper les conséquences économiques des mesures sanitaires, en comblant temporairement les «trous d’air». Et à la Confédération de désormais prendre conscience des moyens nécessaires à allouer pour ces aides à fonds perdu, quitte à engager les réserves de la BNS.

Mes pensées de cette fin de semaine vont tout d’abord à celles et ceux qui sont au front sanitaire et se battent 24h/24 et 7j/7 pour freiner l’arrivée de la deuxième vague de coronavirus; les prochaines semaines s’annoncent tant décisives que chargées. Mais elles vont aussi à celles et ceux qui se battent pour leur travail, leur gagne-pain, leur projet professionnel, parfois l’entreprise qui est la construction d’une vie.

C’est à elles et eux que vont les efforts de mes équipes du département genevois chargé de l’économie pour trouver des solutions aux pertes de gain de ces derniers mois qui ont vu de nombreux/ses chef-fe-s d’entreprise - garagistes, restaurateurs/trices, imprimeurs/euses- renoncer à se servir le moindre salaire, pour pouvoir éviter de licencier leur personnel et pour payer les factures courantes.

Un signal unanime de soutien et d’encouragement

La semaine prochaine, un projet de loi spécifique sera soumis en urgence au Parlement genevois pour compléter l’aide à ces patron-ne-s de PME en difficulté et leur donner - je l’espère - un signal unanime de soutien et d’encouragement à persévérer dans leur rôle essentiel pour le tissu économique du pays, par exemple en continuant d’engager des apprenti-e-s parmi les 192 qui n’ont pas de place à ce jour.

En parallèle, certains secteurs d’activité ont été identifiés comme des «cas de rigueur» économiques. Autrement dit, on y constate des pertes de chiffre d’affaires telles (au moins 60%) que l’on doit considérer que ces secteurs nécessitent une aide ciblée et massive pour qu’ils puissent éviter les licenciements de grande ampleur et la destruction de leur outil de travail, dont ils ne se remettront pas.

Ces secteurs sont au nombre de six: l’hôtellerie, les agences de voyage, le transport professionnel de personnes, l’événementiel, les forain-e-s et l’aviation civile. Derrière ces activités touchées très directement par la pandémie, il y a toujours des femmes et des hommes, souvent de courageuses trajectoires personnelles, parfois des décennies d’histoire, mais jamais d’absence de perspectives.

Protéger des milliers d’emplois

J’ai rencontré à de nombreuses reprises leurs associations faîtières et je me suis rendu compte à quel point les actrices et acteurs de ces branches économiques avaient  envie de travailler, de servir leurs client-e-s, voire de repenser leur activité. C’est avant tout un besoin d’horizons et d’action qui s’exprime dans tout le travail préparatoire accompli avec elles/eux depuis fin août pour proposer des solutions transitoires innovantes.

Là aussi, je soumettrai la semaine prochaine à mes collègues du Conseil d’Etat puis au Grand Conseil une série de projets de loi permettant une aide proportionnée et directe, à fonds perdus, afin de préserver la substance de ces activités et de protéger le milliers d’emplois concernés. Le but est d’anticiper les conséquences économiques des mesures sanitaires, en comblant temporairement les «trous d’air».

Pour ce faire, la Confédération devra cesser de charger les cantons de décider des restrictions et entraves économiques, pour ensuite mieux leur faire porter les coûts de l’indemnisation. Les Chambres fédérales ont acté en septembre le principe des aides à fonds perdus, avec une contribution paritaire fédérale / cantonale. Les montants doivent être garantis, 1 franc pour 1 franc, selon un principe de solidarité.

De la détermination et de l’audace

La Confédération doit désormais prendre conscience des moyens nécessaires à allouer pour ces aides à fonds perdu, quitte à engager les réserves de la BNS. Faut-il également rappeler que si certains cantons paient une contribution à la péréquation intercantonale de plusieurs millions de francs (env. 300 millions pour Genève, seul canton romand contributeur) par année, c’est aussi pour équilibrer les disparités économiques et structurelles entre cantons?

Et cela doit se faire très rapidement si l’on veut là aussi atténuer le choc des prochaines fins de mois qui vont être très dures en termes de licenciements, de reports de paiement et de ralentissement de l’activité économique. On ne pourra pas temporiser au maximum, comme dans le domaine sanitaire, ni ergoter sur les quotités des aides prévues. L’enjeu nécessite de la détermination et de l’audace.

Au final, sur ce volet économique de la crise, il faut se donner les moyens d’actions fortes et inclusives, au sens où nous sommes toutes et tous collectivement lié-e-s et les effets d’une crise nous touchent toutes et tous par effet domino. Les responsables politiques doivent désormais se déterminer: est-ce qu’ils soutiennent oui ou non un plan de sauvetage d’envergure? Investir maintenant dans des solutions volontaristes parce que concertées, c’est tenir compte non seulement du coût financier de la crise, mais aussi et surtout de son potentiel coût humain, comme nous le rappelle les pics d’affluence relevés dans les lieux d’accueil sociaux à Genève. L’urgence c’est des milliers d’entrepreneur-e-s et de salarié-e-s qui risquent de perdre leur entreprise ou leur emploi. 

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