Un objectif pour rebondir: l’autonomie sanitaire
L’Etat doit mettre sur pied rapidement à un plan de réorientation de notre industrie, qui s’adosse à des investissements publics dans la recherche et l’innovation. Mais aussi qui prenne appui sur l’acquisition de matériel de pointe, afin de sécuriser une production indispensable en cas d’urgence.
Quand bien même nous sommes encore dans une phase de réaction immédiate et de mesures urgentes, il faut penser également la phase du rebond, à savoir le temps consacré au redéploiement progressif des activités économiques dans une période où la pandémie sera malheureusement toujours présente.
Car si l’urgence sanitaire dicte le rythme et la logique de sortie de crise, sous peine de connaître une deuxième séquence, difficilement supportable, de confinement généralisé, il est essentiel d’accompagner la relance économique afin de ne pas créer une crise sociale qui risque de toucher très durement les Genevois-e-s.
Aider activement les startups pour soutenir la recherche
L’économie peut aider le secteur sanitaire. Comment? En stimulant la recherche et l’innovation dans le domaine médical, par exemple. C’est ce que devrait permettre le crédit de 3 millions de francs proposé lundi dernier, pour soutenir les start-up présentes à Genève et en difficulté passagère, faute d’investisseurs privés.
Cette action ciblée et soutenue par un mécanisme fédéral généreux permettra de dégager jusqu’à 9 millions de francs - sur la base d’un franc cantonal générant deux francs fédéraux de soutien - et de garantir les investissements consentis jusqu’ici pour nos jeunes pousses économiques appelées à créer les emplois de demain.
L’économie peut aussi rejoindre les objectifs sanitaires à moyen et long terme par le truchement de nos industries. A Genève, celles-ci ont été très réactives dès le début de la crise en s’impliquant dans la production de moyens de protection tels que les solutions hydroalcooliques ou les masques, mais aussi, à terme, dans la réalisation équipements médicaux.
Un patrimoine industriel local pour réorienter la production
Que ce soit avec nos lignes de fabrication pharmaceutiques ou nos chaînes de production de machines, nous disposons d’un patrimoine industriel moderne qui devrait permettre de gagner notre autonomie sanitaire. Cette autonomie s’avère aujourd’hui une nécessité pour éviter les spéculations sur le matériel sanitaire dont a tant besoin le personnel médical et les travailleur-euses placé-e-s en première ligne, et dont aura besoin la population.
Si certaines entreprises du secteur traversent des heures difficiles, avec la menace des faillites et du chômage, notre canton a su préserver un tissu industriel solide, malgré les crises successives qui l’ont touché. Le département du développement économique doit les accompagner pour les aider à se réorienter sur les besoins du moment,car un déconfinement réussi passera par l’usage généralisé de gel pour les mains, mais aussi par des tests massifs au sein de la population et par du matériel médical allant des masques FFP2 aux ventilateurs.
Soutenir notre tissu économique existant, c’est dès maintenant, travailler sur des solutions où nous maîtrisons toute la chaîne de production.
Orienter l'économie vers plus de durabilité
Ma visite jeudi à l’entreprise à Jean Gallay, fleuron de l’industrie aéronautique genevoise, m’en a convaincu. Sa directrice, Madame De la Serna, m’a présenté la réorientation stratégique de l’entreprise pour faire face au Covid-19. Alors même que l’emploi était en progression (12% en 2019) et le carnet de commande plein (développement du trafic aérien), cette société se voit stoppée net dans son élan à mi-mars.
Elle décide alors d’investir dans la recherche et le développement pour orienter une partie de sa production sur le matériel médical, avec la possibilité de produire rapidement des ventilateurs d’hôpital. L’agilité dont a su faire preuve l’entreprise devrait permettre de préserver des emplois, et également de répondre à un besoin de la collectivité.
C’est dans ce sens que l’Etat doit travailler pour mettre sur pied rapidement à un plan de réorientation provisoire – puis pérenne - de notre industrie, qui s’adosse à des investissements publics dans la recherche et l’innovation mais aussi dans l’acquisition de matériel industriel de pointe, visant à sécuriser une production indispensable en cas d’urgence sanitaire.
Ce sont ces orientations stratégiques et cette agilité par l’innovation qui permettront de sortir de la crise et d’orienter l’économie vers plus de durabilité. C’est là sans doute l’une des premières leçons à tirer de cette crise. |