Une mesure d’urgence pour sauver
les établissements nocturnes

La scène nocturne est un laboratoire d'innovations culturelles et sociales. En raison du COVID-19, le sort de ce secteur qui englobe plusieurs milliers d'emplois à Genève est suspendu aux décisions des élu-e-s au parlement cantonal. 

Le Grand Conseil décidera vendredi prochain. Face aux difficultés que traversent les établissements nocturnes touchés par la fermeture ordonnée le 31 juillet 2020 en raison du coronavirus, le Conseil d’Etat a soumis au vote des député-e-s un projet de loi destiné à venir en aide à ce secteur. Plusieurs milliers d’emplois directs et indirects sont en jeu. 

Vendredi 2 octobre au plus tard, Genève décidera si sa scène nocturne, en tant qu'espace de création culturelle et festive, mérite d'être soutenue en cette période de pandémie. Ce sera le moment pour les partis politiques de signifier l'importance qu'ils accordent aux emplois dans ce secteur. Ce sera également l'occasion d'exprimer la portée que revêt le travail de création et de production mêlé à des lieux de représentations, d’expositions et de rencontres qui participent à renforcer les liens sociaux au sein de notre collectivité.

Face aux enjeux, des autorités à l'écoute 

De son côté, le Canton a signé un protocole d'accord avec les milieux professionnels concernés. Il s'est déjà prononcé en faveur d'un appui financier au monde de la nuit, à travers une prise en charge temporaire d'une partie des frais incompressibles des établissements en difficulté. J’en profite pour remercier les représentants des faîtières, à savoir la Société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers de Genève (SCRHG), le Grand Conseil de la nuit (GCN) et le syndicat Culture nocturne (SCN) pour leur état d’esprit positif qui a concouru à faire aboutir cet accord. 

Cette collaboration entre l'Etat et les enseignes nocturnes repose sur des principes de transparence et de bonne volonté réciproque. Elle se déroule dans une constante concertation, et en unissant les forces et les moyens. Les engagements pris en ce début de semaine portent également sur l'amélioration de certaines conditions-cadres du secteur. Ce dernier est en effet l'un de ceux qui compte le plus de travailleurs-euses sur appel. Les parties signataires de l'accord  ont d’ailleurs souhaité continuer à travailler ensemble pour renforcer le filet de sécurité à l’intention de cette catégorie de professionnel-le-s. 

Un héritage culturel riche, vivant et diversifié 

Les nuits genevoises sont un laboratoire. Elles constituent un puissant générateur d’études et d’innovations sociales, économiques, territoriales et politiques qu'il s'agit de préserver. Le rapport intermédiaire des premiers états généraux du tourisme en 2018 ne s'y était d'ailleurs pas trompé. La promotion de la destination Genève passe notamment par la valorisation de sa scène nocturne, dont l'essor pré-COVID s'était montré capable de retentir un peu partout en Europe. 

Nés d'une tradition qui remonte aux années 1960 et dont le rayonnement international demeure vivace, les lieux de vie nocturne à Genève forment aujourd'hui un chapelet de scènes différentes, où l'on vient écouter aussi bien des artistes internationaux – U2 a fait ses débuts au New Morning, une enseigne genevoise aujourd'hui disparue mais dont l'antenne parisienne existe toujours tout comme la Mano Negra à L'Usine - que des musicien-ne-s du cru. Ce sont des lieux identifiables par leurs caractéristiques culturelles, qui se font l’écho de la créativité locale.  

Pour beaucoup, les années 1980-1990 ont représenté l'âge d’or des nuits genevoises. Cette époque, marquée par un courant de culture dite alternative et à laquelle une politique plus restrictive envers les squats a mis un terme, a laissé place aujourd'hui à un processus d'institutionnalisation de la vie nocturne structurée autour de la diversité des lieux d’activités artistiques et de sociabilité festive.  

Pour éviter que ce patrimoine culturel ne disparaisse définitivement, les pouvoirs publics ont un rôle décisif à jouer, en adoptant une stratégie bienveillante, cohérente et constructive. En cette période de pandémie, l’Etat doit travailler de concert avec les milieux de la nuit pour canaliser les envies festives et garantir une sécurité sanitaire efficace. Soutenir ce secteur, c’est aussi soutenir des lieux où se rompent les solitudes et ainsi répondre aux besoins de sociabilité de la population genevoise.

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