Attention à l’angle mort
Une partie essentielle de notre tissu économique échappe encore aux mesures d'urgence prises par Berne, notamment. C'est pour mobiliser l'attention de la population et des autorités qu'a été lancée la semaine dernière une initiative sans précédent. D'autres pistes concrètes se dessinent pour soutenir les acteurs économiques plus fragilisé-e-s.
La crise du Covid-19 accapare toute notre attention et notre énergie. C’est bien normal, au vu de sa dimension sanitaire sans précédent et de son impact économique dévastateur. Mais c’est justement dans de pareilles circonstances que l’autorité de l’Etat doit veiller au respect des principes fondamentaux, que sont la responsabilité, la solidarité et l'égalité.
J’annonçais dimanche passé, par ce canal, le lancement d'une initiative inédite pour mobiliser l’attention de la population et des autorités fédérales sur une catégorie particulière, mais essentielle, du tissu économique: les indépendant-e-s et les microentreprises. Ce sont parmi les acteurs les plus exposés de ce tissu, alors que le maintien de leur diversité est la condition d’une économie de proximité durable et responsable, dont nous aurons besoin au sortir de la crise. Ils/elles méritent notre soutien, plus que jamais. Signez et faites signer l’initiative "Covid-19: Pour une aide d'urgence aux indépendant-e-s et aux PME suisses!"
D'autres solutions cantonales
Cette catégorie d’acteurs économiques reste pour le moment dans ce que j’ai appelé un «angle mort» des mesures d’urgence prises par Berne et par le Canton. On verra mercredi prochain si l’horizon se dégage avec de nouvelles décisions du Conseil fédéral, quant au périmètre et au montant des aides octroyées par les instruments que sont les indemnités pour réduction de l'horaire de travail (RHT) et les allocations perte de gain (APG). Je l’espère vivement.
Dans l’intervalle, j’essaie de trouver d’autres pistes, principalement cantonales, pour alléger la charge des petites entreprises qui se retrouvent aujourd’hui en situation de survie. J’espère pouvoir annoncer des nouvelles concrètes dès demain, notamment en matière de levée de charges fixes qui pèsent lourdement, sur les budgets courants de ces entreprises.
Mais quand j’évoque les personnes placées dans l’«angle mort» de la crise, je pense aussi et surtout à des gens qui exercent des activités et des professions qui, par nature, sont déjà très précaires et entrent difficilement dans les catégories traditionnelles de la vie économique qui sont, elles, plus faciles à identifier et, cas échéant, à indemniser.
Un rôle fondamental en matière de lien social
Je pense notamment aux employé-e-s de l’économie domestique – parmi lesquel-le-s beaucoup de femmes -, qui sont souvent, bien malgré elles, dans des situations légales indéterminées; aux travailleurs et travailleuses du sexe dont l’absence de stabilité les expose aux risques sanitaires les plus élevés; aux intermittent-e-s du spectacle et de l’événementiel qui, pour beaucoup, travaillent à l’appel et dont l’absence de statut précarise la situation.
Je pense aussi aux indépendant-e-s de plus de 65 ans, qui ont fait le choix de travailler et de contribuer encore à la vie économique du pays, mais qui se retrouvent aujourd’hui exclu-e-s du filet de sécurité parce qu’ils/elles ont déjà passé le cap de l’âge de la retraite et donc de l’accès APG.
Pour toutes ces personnes, il n'y a rien qui a été mis en place et aucun prêt ne pourra résoudre leur perte subite de revenu, car le fardeau de l’endettement est trop lourd à porter. C'est totalement injuste quand on sait à quel point elles jouent également un rôle essentiel dans le maintien du lien social.
Sortir de l'hypocrisie
A cet égard, je suis convaincu que la crise que nous traversons doit être l’occasion de sortir de ces hypocrisies entretenues par convenance, et génératrices d’inégalités, d’abus et, au final, de facture sociale élevée. Dans le cas des intermittent-e-s, par exemple, il faut maintenant avancer et décider d’un statut.
Bref, ce n’est pas le travail qui manque pour les autorités, et c’est leur capacité d’adresser des réponses à ces problèmes réels, rapidement, efficacement et équitablement, qui fera la différence. Pour ma part, je m’attèle à relever le défi.
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